En 1954 j’avais 17 ans et je faisais partie des adolescents en difficulté qui bénéficièrent de la psychothérapie prodiguée par Joe FINDER. Aujourd’hui en 2007 où j’assume à mes 70 printemps, j’entends parler avec beaucoup d’insistance de cette activité au sein de l’association ACFDJ dont le but principal est de « transmettre les valeurs et les pratiques socio-éducatives mises en œuvre dans les foyers de semi-liberté de Vitry-sur-Seine et du Plessis-Trévise » selon l’article 2 de ses statuts.
Aujourd’hui, Joe FINDER se dirige allègrement vers ses 82 ans. Les résultats qu’il a obtenu pendant plus de quarante années auprès des adolescents et des adolescentes qui lui ont été confiés imposent que l’on se préoccupe sérieusement de la transmission ou plus précisément de la transmissibilité de ses méthodes.
Bien que cette préoccupation soit loin d’être nouvelle, on s’aperçoit que dans tous les écrits, conférences et autres manifestations qui s’y rapportent, parmi toutes les autres activités largement développées pratiquées dans les foyers de Vitry et Plessis-Trévise, il y en a une seule dont on parle peu ou pour seulement la nommer, mais sans jamais entrer dans les détails de son application : c’est la psychothérapie (désignée aussi sous le vocable « rêve éveillé ») appliquée aux adolescents par Joe FINDER.
Si l’on interroge aujourd’hui les bénéficiaires de cette méthode, on observe globalement deux réactions conjointement exprimées :
1 – Une réaction émotionnelle évidente, voire intense.
2 – Une satisfaction sans réserve des effets ressentis.
En 1977, Joe FINDER avait lancé auprès des « anciens » du foyer de Vitry une campagne du type « Le rêve éveillé, vingt ans après ». A l’époque j’avais souscrit à sa demande par un petit article qui racontait mon parcours à ce sujet et qui a été repris en 2006 dans la revue « Enfance Majuscule ». Trente ans après, devant cette préoccupation légitime qu’expriment les personnes soucieuses de la préservation du « patrimoine findérien », je me trouve confronté au constat suivant : Le psychothérapie de Joe n’a pas fait recette auprès des personnes responsables de venir en aide aux adolescent(e)s en difficulté. Ce qui amène la question : « Pourquoi une méthodologie dont les bénéficiaires restent satisfaits dans le temps n’est-elle pas appliquée aux adolescent(e)s d’aujourd’hui par les personnes dont c’est le métier ? ».
Le Docteur Hubert FLAVIGNY, que j’ai bien connu et qui fut l’un des premiers psychiatres à suivre et épauler le travail de Joe FINDER à dit ou écrit : « Le succès d’une psychothérapie dépend essentiellement de la personnalité du psychothérapeute ». Si j’ose le raccourci avec la question précédente, j’en déduis que les psychothérapeutes d’aujourd’hui ne présentent pas une personnalité susceptible d’appliquer les méthodes psy de Joe FINDER.
Et c’est là je crois que se trouve la clef du problème : Evoquer, comprendre, transmettre la psychothérapie appliquée par Joe FINDER, c’est avant tout essayer, voire parvenir à comprendre SA personnalité.
Si je m’en réfère aux heures d’écoute et de visionnage des archives audiovisuelles de Joe, je me sens submergé par des expressions qui deviennent des constantes. On y trouve une explosion d’Affection, d’Attitude Authentiquement Affective, d’Amour vrai, de « T’as fait des conneries, mais on t’aime quand même ! ».
Toutes ces expressions à vif suggèrent que la carence principale des adolescent(e)s en difficulté, cause de leurs « débordements », est l’amour. Elles sont devenues malgré moi des indices vers l’élaboration d’une solution que j’entrevois aujourd’hui comme la possibilité de transmettre le patrimoine findérien. Je ne peux être juge, alors que j’ai été parti et ne reste finalement qu’un G.I.S. (Grand Invalide Social), mais j’oserais malgré tout affirmer le sentiment suivant :
« Le patrimoine findérien n’obtiendra son visa de transmissibilité que si les formateurs des personnes destinées à venir en aide aux adolescent(e)s en difficulté élèvent le sentiment d’amour vrai qui leur est nécessaire au niveau d’une compétence professionnelle ».
Bien sûr, il reste à définir ce qu’est l’amour vrai en la matière, mais cela il faudra le demander à Joe FINDER, car là, franchement, je me sens totalement incompétent, d’autant qu’il me manque également cet humour (voir aussi PSE) dont il avait le secret pour concocter ce cocktail amour/humour, clef de son succès.
23 avril 2007
ARTICLES / PRESSE
- Savoir parler au juge (Joe Finder / Journal du Droit des Jeunes)
- Stanislaw Tomkiewicz, 10 ans après (Tanislaw Tomkiewicz / Journal du Droit des Jeunes N°324 - avril 2013)
- Enfance Majuscule, "La publicité socio-éducative" (N° 74 - Janvier/Février 2014)
- Il faut tous les enfermer ! (G. Ranga)
- Le cas du délinquant (par J.Chazal et J. Finder)
- L'ordonnance de 45 (par A. Bruel)
- Punition et soins, confusion nécessaire ? (S.Tomkiewicz)
- Comment faire de votre enfant un délinquant ? (J. Finder, S. Tomkiewicz)
- Qui souffre blesse (J. Finder)
- Adolescence difficile et pédagogie curative (S. Tomkiewicz)