"Il n' y a qu'une seule supériorité: celle du coeur !"

L.V. Beethoven


En 1959, Stanislaw TOMKIEWICZ prenait la succession du Pr Flavigny au CFDJ de Vitry sur Seine. Il assurait alors la supervision de l’équipe éducative et les suivis individuels, mais il s’attelait très vite avec Joe Finder, à l’amélioration de l’accompagnement des jeunes dont ils avaient la charge, dans une recherche constante. 


Sa personnalité, son extrême rigueur, son sens clinique aigü, en ont fait un neuropsychiatre reputé qui fut, avec Joe, l’une des grandes figures des CFDJ. 


Ancien Directeur de recherche de l’unité 69 INSERM qui consacra de multiples études sur cette pédagogie éducative, il demeura par ailleurs un ambassadeur infatigable de cette expérience singulière qu’il décrira longuement dans son ouvrage autobiographique “L’adolescence volée” .



Stanislaw Tomkiewicz abode sa rencontre avec Joe Finder (conférence à l'E.N.S)

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L’adolescence volée

Hachette Littérature, collection « Pluriel », 252 pages


Voici que Tom revient sur son parcours de vie, ses origines, son appartenance, les horreurs de la dernière guerre, ses silences, ses refus, ses révoltes ; dans le langage de vérité qui est le sien, et dans lequel on le retrouve bien, communiste sans allégeances, mais solidaire de ceux qui souffrent et se font exploiter. 


À travers cette histoire, on sent bien toute la richesse de l’homme qui sait observer, analyser, partager, toujours recherchant ce qui peut apaiser et faire progresser ceux que le hasard met sur sa route. Dans La spiritualité de l’instant, le philosophe Robert Faure met en évidence que nous disposons tous d’instants privilégiés à partir desquels nos vies prennent des orientations diversifiées. Selon que nous savons ou non être suffisamment disponibles pour saisir les instants significatifs, notre vie prend une couleur différente. C’est quand Tom saute du wagon qui l’emmenait vers la mort, abandonnant ses parents à leur sort, que se joue toute sa vie future ; c’est quand Tom claque la porte de La Salpétrière que de nouveau elle va s’incliner dans le sens de la défense des plus faibles. De cet enfant bourgeois qui aurait pu être gâté, prétentieux et superficiel, les circonstances qui lui ont volé l’adolescence à laquelle il pouvait être promis, ont fait un homme décidé, simple, respectueux de tous ceux qu’il rencontre et que la vie à éprouvés. 


Refoulant au plus profond de lui-même des frustrations qui ne pouvaient être positives, il s’est trouvé cherchant chez les autres, tous les autres, ce potentiel de vie qu’il avait lui-même dérobé à son présumé destin. Il faut parcourir les étapes de ce livre pour comprendre que le déterminisme n’existe pas, qu’on peut toujours stopper un développement qui se fait mal, que l’on n’a rien fait quand on n’a pas tout essayé, et qu’il est indécent de profiter de son statut, de sa puissance, pour faire peser sur les autres un joug que rien ne peut jamais justifier. À l’ombre du grand Korczak, Tom est devenu aussi grand que son ombre. Qui pouvait penser qu’il gardait tant de blessures dans son for intérieur ?


Jacques Ladsous pour Vie Sociale et Traitements





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