"Il n' y a qu'une seule supériorité: celle du coeur !"

L.V. Beethoven

La vidéo dans une institution pour adolescents difficiles.

Un aspect thérapeutique : le vidéodrame

B. ZEILLER *, J. FINDER , S. TOMKIEWICZ H* 


La vidéo fait partie, depuis 1968, de l'éventail des techniques audiovisuelles utilisées dans cet établissement. L'aide qu'elle peut apporter à certaines étapes de la psychothérapie s'inspire initialement d'une technique photographique, appelée « photodrame ». Si le « photodrame » contribue à aider l'adolescent présentant des perturbations de l'image du corps (dysmorphophobie), le « vidéodrame» ne parait pas répondre aux mêmes indications. Dans un contexte rééducatif revêtant un certain caractère d'urgence, il peut aider à monter parfois les résistances survenant au cours de celle-ci

Dada interviewé par Joe Finder pour un vidéodrame sur l'amour, l'amitié, l'affection.

Nous nous proposons de relater ici l'une des utilisations de la vidéo dans une institution pour adolescents difficiles. Cette institution est un foyer de semi-liberté accueillant en permanence, depuis 1950, vingt-quatre adolescents qui lui sont confiés par les tribunaux pour Enfants ou les services de la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (D.D.A.S.S.). La durée moyenne du séjour y est de deux ans et demi. Le soutien proposé aux garçons, tous volontaires pour être placés dans notre foyer, repose notamment sur des activités socio-thérapeutiques et la psychothérapie. Cette dernière est toujours entreprise à l'intérieur de l'institution. Sociothérapie et psychothérapie ne revêtent aucun caractère obligatoire. Il faut souvent plusieurs mois pour qu'un nouvel arrivant accepte de participer activement à l'une et/ou l'autre. Par ailleurs, l'aide que nous offrons au jeune et qu'il finit par réclamer le plus souvent, implique une longue durée de séjour, elle-même largement liée à "ancienneté et à la profondeur de ses troubles psychologiques. Le couperet administratif de la majorité, qui correspond au terme du séjour survient le plus souvent à un moment où le jeune ne se sent pas encore assez autonome pour voler de ses propres ailes, tandis que l'équipe n'a pas "impression d'avoir «tout» fait pour aplanir ses difficultés; d'où recours fréquent aux dérogations et une ambiance d'incertitude qui s'installe facilement dans cette période cruciale entre 18 et 21 ans.


C'est dès 1952 que J. Finder a fait appel aux techniques audiovisuelles de l'époque: photo et magnétophone. Elles permirent de développer et d'enrichir la plupart des activités sociothérapiques. Les premières réalisations des jeunes furent ainsi des montages audio-visuels avec le système du fondu-enchaîné. En 1963, l'utilisation du cinéma fut le début d'une seconde étape marquée aujourd'hui par la production de 29 films 16 mm associant jeunes et adultes à des degrés divers (1).


C'est à cette même époque que commencèrent nos recherches et nos prudents essais d'utiliser le cinéma et encore davantage la photo, pour tenter de mieux résoudre certaines difficultés psychologiques des adolescents. " s'agissait essentiellement des manifestations d'anxiété liées aux perturbations de leur image corporelle et réunies sous le terme de dysmorphophobie (2, 3). L'extrême difficulté à apaiser complètement et durablement ces anxiétés a conduit J. Finder à mettre au point une technique photographique spécifique, que nous avons baptisé le « photodrame ». " s'agit d'une séance, généralement unique dans la vie de l'adolescent, au cours de laquelle le thérapeute prend de· l00 à 200 photos tout en poursuivant un entretien psychothérapique très vivant centré sur son corps. La prise de photos, leur développement, leur tirage et leurs agrandissements sont toujours effectués par le thérapeute et jamais en laboratoire. La lecture des tirages avec le garçon, le dialogue serré qui s'instaure alors à leur sujet, l'affichage de certains d'entre eux dans l'institution avec la publicité socio-éducative qui l'entoure constituent la dernière étape du photodrame. Celui-ci reste bien entendu intimement lié à la psychothérapie offerte à l'adolescent - le psychothérapeute est aussi le « photothérapeute » - mais s'inscrit aussi dans le registre de la sociothérapie par la diffusion et la mise en valeur publique de certains clichés faite avec l'accord du jeune. Plusieurs publications ont décrit les modalités de cette technique et son apprentissage : (4, 5, 6).



En 1968, la mise à disposition, pour le public, des premiers magnétoscopes nous amenait à introduire la vidéo dans la gamme de nos activités audiovisuelles. Les émissions de télévision nous semblent toujours ne constituer qu'un pis aller dans les occupations ou loisirs susceptibles d'aider nos jeunes. Notre premier équipement vidéo devait servir à filmer les activités de groupe et quelques garçons seuls. Un peu empiriquement, nous souhaitions d'abord habituer individuellement les jeunes à cette technique toute nouvelle qui semblait à la fois leur plaire et les angoisser. Il nous parut important d'en faire profiter les plus inhibés qui risquaient de s'exclure des activités de groupe rendues plus redoutables par la présence de la vidéo. L'utilisation de ces nouveaux appareils permit d'abord d'enrichir et de multiplier les contacts individuels. Des garçons vinrent « pour voir» et posèrent de nombreuses questions; d'autres choisirent un prétexte banal pour s'en approcher, mais restèrent silencieux sur l'utilisation qui pourrait en être faite; d'autres encore firent des approches de reconnaissance pour informer les garçons systématiquement opposants; plusieurs refusèrent toute prise de vue avant même qu'elle ne leur fut proposée. Ainsi naquit, dans notre foyer, une sorte de mythe de la vidéo: épreuve difficile à franchir mais toujours perçue comme valorisante et souvent vécue même comme un véritable exploit. Ces bouts d'essai demandaient d'affronter simultanément la caméra, le ou les projecteurs et le dialogue toujours dynamique, voire mordant, engagé avec l'adulte qui filmait. Tout comme pour la photo et plus encore que pour le cinéma, nous avons tenu à éviter le piège du monopole de la caméra et de la relation à sens unique: dès le début nous enseignons et nous autorisons les garçons à manier la caméra à leur tour.


LE VIDEODRAME


Si l'enregistrement, sur magnétoscope, des activités de groupe permit très vite de les valoriser grâce à leur diffusion dans et hors le foyer avec le concours des garçons, l'utilisation en relation duelle n'aboutit que progressivement à ce que nous appelons aujourd'hui vidéodrame (7). Dans ses modalités initiales, celui-ci s'apparentait peu ou prou au photodrame. Il s'agit d'un entretien filmé, au lieu d'être photographié, sur un thème improvisé mais celui-ci ne concerne pas nécessairement les anxiétés liées à l'image du corps. L'entretien thérapeutique ou culturel est assez directif, chaleureux, incisif ou parfois provocant. Si besoin est, il est au contraire rassurant. Dans tous les cas, il se veut autant éloigné de la neutralité, même bienveillante, que du dialogue d'un examen clinique traditionnel. Mais il s'écarte également d'une discussion à bâtons rompus dont la seule particularité serait l'adjonction d'un matériel d'enregistrement. Le projet du thérapeute est d'aider le garçon à s'exprimer sur ·un thème où il est personnellement impliqué. Cette aide se concrétise notamment à· "égard des silences que garde souvent tout adolescent au cours d'un entretien. Ici, le silence de brève durée est respecté, voire encouragé, lorsqu'il semble correspondre à un temps de réflexion d'u jeune qui s'apprête à répondre. Mais il fait aussitôt place à une nouvelle question ou à una réassurance de l'adulte, si le garçon parait hésitant, en difficulté ou momentanément inhibé.


La durée de cette séance de vidéo dépasse rarement quinze à vingt minutes. Dans la majorité des cas, le sujet reste assis dans un fauteuil. S'il le souhaite, il peut se lever, s'allonger ou adopter toute position qu'il souhaite. Le thérapeute cc opérateur), manie constamment la caméra posée sur un pied en ajustant la mise au point et le cadrage au cours de l'enregistrement. Les plans rapprochés sur le visage ou telle ou telle partie du corps sont filmés selon les moments du dialogue ou ce que nous croyons des désirs du sujet. Cette prise de vue dynamique est toujours restituée simultanément au garçon par le biais d'un écran vidéo placé devant lui. A l'unique écran noir et blanc des premières années a succédé aujourd'hui une batterie de plusieurs récepteurs couleur et noir et blanc de tailles différentes. L'adulte et le jeune ont ainsi en face d'eux l'ébauche d'un «mur» d'images permettant au premier d'affiner sa prise de vue, au second d'adapter ses mimiques et ses postures.


Le séance terminée, le document est aussitôt projeté au garçon qui peut ainsi se revoir et s'entendre. Il est conservé, si le jeune le désire. Sinon, il est aussitôt effacé. Jusqu'en 1981, à l'exception d'un seul qui n'était qu'un document ayant caractère de « démonstration» et prévu comme tel avant d'être réalisé, aucun vidéodrame n'était diffusé à l'extérieur. Il nous paraissait exclu de présenter publiquement ou en cercle restreint, même avec l'accord du jeune, un enregistrement ayant pour nous, à tort ou à rai son, valeur d'entretien psychothérapique. Depuis, notre attitude est devenue plus nuancée. Quelques garçons ont accepté et même demandé cette présentation publique à laquelle d'ailleurs ils souhaitent assister en prenant part ensuite au débat qui peut alors s'instaurer. Il s'agit alors toujours de vidéodrames plus axés sur un thème culturel ou dans lesquels le dialogue ne comporte pas de confidences trop compromettantes. Cette valorisation de soi et de sa propre image est encore accentuée par le fait que les seuls récepteurs de télévision couleur du foyer sont réservés à la vidéo réalisée dans l'institution. Une caméra à très haute définition des images n'est également utilisée que pour les vidéodrames.


Dans le champ de notre pratique, l'utilisation de la vidéo en situation duelle procéda jadis d'un constat et d'une tentative d'y apporter une réponse initialement très empirique.

Le constat est lié aux caractéristiques psychopathologiques et sociales de la clientèle de jeunes qui nous sont confiés. Les troubles caractériels, les dépressions, les manifestations agressives et les délits à répétition en sont la symptomatologie bruyante qui justifie le placement en institution. Une pédagogie et une « thérapeutique », exclusivement axées sur la prise en compte de cette seule symptomatologie, sont à la fois insuffisantes et inefficaces à long terme.

Les difficultés de verbalisation des adolescents, les facteurs psychologiques, sociaux et culturels qui les ont amenés, voire contraints, à recourir au passage à l'acte, faute d'avoir pu accéder à la parole, apparaissent trop souvent comme secondaires. La transposition des conduites agressives de la réalité quotidienne vers des activités donnant priorité à la parole ou à la créativité est fréquemment perçue, de l'extérieur, comme une étape inutile sinon dangereuse.


Cette parole naissante et cette créativité sont dans un premier temps quasi-nécessairement, elles aussi, agressives. Leurs richesses et la revalorisation qu'elles constituent déjà pour l'adolescent ne sont pas toujours perçues, probablement plus dans une institution sous tutelle de la justice, comme une étape « raisonnable » de la rééducation attendue. Loin d'être considéré comme une évolution positive, le passage de la violence agie à la violence parlée, apparait parfois comme une fuite, un travail inutile, un véritable retard sur le chemin traditionnel de la formation professionnelle et de l'accès au monde du travail.



Le poids de la biographie passée de l'adolescent souvent émaillée d'abandons précoces et de placements successifs, de rejets familiaux ou institutionnels conduisant à des situations d'échec à répétition et de dévalorisation, impliquerait que l'accent soit mis en priorité sur une thérapeutique de la réparation (8). Encore au-delà des comportements agressifs et du poids de la biographie, l'organisation débutante de la personnalité et la structure sous-jacente font souvent figure de paradoxe en regard de l'intensité des conduites agressives. Pour schématiser, disons qu'un adolescent déprimé ou abandonnique qui vole et agresse, apparait d'abord, voire exclusivement, « délinquant ». La tolérance que requièrent ses comportements est d'autant plus difficile à faire accepter, même au sein de l'équipe soignante, qu'ils durent, se répètent et connaissent même des escalades. Si la psychothérapie bute ou stagne, si le garçon la refuse, le seuil de tolérance est d'autant plus vite atteint et dépassé. Il s'installe ainsi une véritable course contre la montre entre la tolérance de l'équipe et de la Société aux troubles caractériels ou asociaux et la psychothérapie qui apparait ainsi comme une véritable urgence. La proximité de l'âge de la majorité tant légale que structurelle exige aussi qu'elle ne dure pas trop longtemps. Et pourtant il faut attendre son acceptation par le garçon et celle-ci peut demander plusieurs mois dans un contexte de liberté et de volontariat. Une fois acceptée, les difficultés de la psychothérapie sont loin d'être terminées: ce peut être la survenue de résistances avec ou sans rupture de la relation établie; ou encore les difficultés inhérentes à des jeunes initialement peu aptes à verbaliser, chez lesquels les fantasmes sont souvent agis dans le moment présent et pour lesquels le travail thérapeutique semble devoir s'articuler autour d'une réparation et d'une restauration des assises défaillantes du narcissisme primaire. C'est pourquoi la vidéo nous parut-elle en mesure de favoriser au moins une aide ponctuelle, donc limitée, à certaines étapes de la relation psychothérapique.



L'image télévisuelle traditionnelle est source de valorisation narcissique. Pour l'adolescent marginal ou défavorisé socialement, elle est par excellence celle à laquelle il ne peut accéder puisqu'elle reste réservée aux personnages importants, célèbres, aux vedettes d'un monde dont il est exclu. L'objectif de la caméra, dans une installation en circuit fermé, est aussi le regard du thérapeute: ici regard gratifiant et positif immédiatement restitué au garçon. Le dialogue enregistré est lui aussi réentendu quelques instants après: il n'est pas prise de conscience neutre, mais perception et rappel d'une épreuve franchie, celle d'un dialogue, même superficiel, qui s'établit avec tous 'es risques liés à la présence d'un objectif et d'une ·Iumière intense, mais sans le danger d'un échec. Un vidéodrame, estimé raté, peut toujours être aussitôt effacé et recommencé. Il est en cela différent de la prise de vue cinéma qui peut être répétée, mais coute à chaque fois la pellicule nécessaire. Pouvoir effacer, c'est avoir la liberté de pouvoir tout dire ou tout faire, autrement dit la liberté de choisir ce que l'on désire ou non garder de soi, de son image et de sa parole.



L'enregistrement vidéo devient source de plaisir pour l'adolescent d'autant plus qu'il lui offre la possibilité de se complaire vis-à-vis de sa propre image, et ici non pas celle que lui renvoie le miroir, mais celle que perçoivent les autres. Le vidéodrame, considéré par les garçons comme une technique « légère » et agréable, peut offrir une médiation temporaire dans la relation thérapeute-garçon, soit que l'adolescent n'ose encore pas entreprendre la psychothérapie et choisisse alors la vidéo comme une sorte « d'essai » pour appréhender cette relation qui lui fait peur, soit encore que le danger momentané ou la résistance passagère devant une relation déjà établie soient dérivés vers la vidéo-prétexte: « La psychothérapie, je n'en veux plus, mais je veux bien faire la vidéo avec toi ».


Ni les adolescents, ni nous-mêmes ne sommes dupes de la part de séduction et de l'aspect encore magique liés à l'apport de cette technique. Il est vraisemblable que cet aspect magique s'amenuisera dans les années· à venir au fur et à mesure que la vidéo se banalisera et entrera dans les objets de consommation courante au même titre que le magnétophone. Pour compenser partiellement cette évolution déjà amorcée, il nous arrive d'organiser des concours de vidéodrames en faisant appel à un jury extérieur à l'institution auquel est confié le soin d'attribuer avec nous des gratifications matérielles et des appréciations valorisantes sur les documents réalisés. Le dernier concours proposait aux adolescents de faire un vidéodrame sur le thème: « La santé et les accidents chez les jeunes ». Deux adultes opérateurs étaient à la disposition des garçons pour vidéoifier l'entretien. L'un des adultes n'avait aucune fonction psychothérapique dans l'institution. Le choix des jeunes candidats à ce concours de faire appel à l'un ou à l'autre donna lieu à des discussions intenses, voire violentes et passionnées, sur les relations entre psychothérapie et vidéodrame. Allant plutôt à l'encontre de notre désir, le jury accorda le premier prix et tous ses éloges au vidéodrame particulièrement brillant et· riche d'arguments pertinents d'un adolescent qui avait refusé d'être filmé par le psychothérapeute et refusait depuis plusieurs mois toute aide psychothérapique. Cette situation, apparemment antipsychothérapique, nous parut cependant profitable. En effet, elle permit de démystifier au moins partiellement la pseudo toute puissance de la technique audiovisuelle en face du caractère unique et irremplaçable de la relation thérapeutique. Elle permit également à plusieurs garçons de s'approprier un pouvoir sur l'adulte en vérifiant que l'utilisation à des fins psychologiques d'une caméra et d'un magnétoscope pouvait être en partie transgressée, sans pour autant que la signification authentique de cette utili~ation soit niée.



VIDEODRAME ET PHOTODRAME


Si le vidéodrame constitue une occasion privilégiée d'établir ou de rétablir un dialogue, il nous parait intéressant de le comparer ou de l'opposer ici au photodrame en insistant moins sur les différences méthodologiques de J'un et de l'autre que sur les particularités propres au matériel utilisé et à ce qu'elles signifient pour l'adolescent.


Le fait que, dans notre pratique, le dialogue et les clichés du photodrame soient avant tout destinés à la résolution des préoccupations dysmorphophobiques ne signifie pas que l'image télévisuelle puisse s'y substituer ou même représenter un progrès incontestable. La seule prise de vues de cent à deux cents photos et leur tirage suppose, de la part du thérapeute, un investissement et une disponibilité beaucoup plus considérables que l'enregistrement vidéo.


Les traces de l'image photographique et de l'image télévisée sont profondément différentes. Celle-ci est éphémère et peut être restituée un nombre de fois à l'infini; celle-là est permanente. Le silence de l'une et la parole de l'autre nous semblent néanmoins des critères moins prégnants que l'effet immédiat sur le jeune et le sens qu'il attache à leur conservation. Donner à un adolescent une centaine de photos de lui provoque fréquemment un sentiment de jubilation intense, représente une gratification narcissique massive dont les traces resteront à tout instant accessibles à son regard et à ceux des autres. C'est une sorte de cadeau que nous lui offrons, cadeau de notre regard sur son image fixée. Plusieurs années après, des jeunes conservent encore chez eux et affichent même telle ou telle photo de cette séance vécue par eux comme unique. Il nous semble que l'épreuve photographique constitue pour eux à postériori une trace historique de leur réconciliation avec leur propre corps, réel ou fantasmé.


Quoique disposant d'un recul moindre avec les bandes vidéo, le poids de l'image nous parait dans ce cas sensiblement différent. Nous ne citerons que pour mémoire les images électroniques enregistrées il y a une dizaine d'années et qui, pour des raisons techniques, n'ont pas résisté aux outrages du temps. A la différence des tableaux de nos ancêtres, qui ont conservé à travers les siècles l'éclat de leurs traits et de leurs couleurs, à la différence aussi des premières photos ou pellicules cinéma, qui ont pu se défraichir sans pour autant s'estomper totalement, les images vidéo anciennes et mêmes récentes ne· portent pas avec elles ce critère de pérennité. De plus, remettre à un sujet une bande ou une cassette vidéo dans laquelle il figure ne représente pas nécessairement une gratification, encore moins s'il ne dispose pas du matériel adéquat pour la visionner. Enfin, le plaisir unique ou répété de nos adolescents à se voir et se revoir en vidéo ne nous a jamais paru atteindre l'intensité jubilatoire suscitée par la photo.



Nous gardant de vouloir évaluer les effets ou résultats spécifiques à l'une ou l'autre de ces techniques utilisées ici dans le cadre beaucoup plus large d'une psychothérapie institutionnelle, nous restons seulement réservés sur les avantages ou la supériorité éventuels de la télévision en circuit fermé. Son utilisation en relation duelle peut même poser le problème de l'inutilité de l'image électronique, ou simplement ramener son poids à la seule parole qui circule quand elle est enregistrée, le fantasme ne pouvant ni être filmé, ni être photographié.




REFERENCES


(1) TOMKIEWICZ S., FINDER J., MARTIN C. et ZEILLER B. - « La prison, c'est dehors », Neuchâtel, Paris, Montréal, Delachaux et Niestlé, 1979, 399 p.

(2) TOMKIEWICZ S. et FINDER J. - La dysmorphophobie de l'adolescent caractériel. Revue de Neuropsychiatrie infantile, 1967, 15, 12, pp. 939-965.

(3) TOMKIEWICZ S. et FINDER J. - Problèmes de l'image du corps (D.M.P.) en foyer de semi-liberté. Bulletin de Psychologie, 1970-71, 24, 5/6, pp. 263-274.

(4) C.F.D.J. _ VITRY. _ Le photodrame « O.Q.P. Recherche », n° 1, 1977, 66 p., multigr. 300 ex. offset (2" éd. juin 1979).

(5) EHRLICH P. et TOMKIEWICZ S. - Le photodrame : apprentissage et transmissibilité. Bulletin de Psychologie, 1981, 34, 352, pp. 853-860.

(6) KIMELMAN M., TOMKIEWICZ S. et MAFFIOLI B. - Le photodrame en institution psychiatrique. Réflexions sur l'image corporelle, 48, 1, pp. 73-109. Evolution Psychiatrique, 1983. (7) .F.D.J. _ VITRY. - Le Vidéodrame «O.Q.P. Recherche », n° 6, 1982, 76 p., multigr. 1000 ex., offset.

(8) MARTIN C. - Mauvais objet, mauvais sujet. Pédagogies et thérapies dans l'abord et la rééducation des délinquants et prédélinquants garçons de 13 à 19 ans en foyer de semiliberté. Quelques propositions. 293 p. (Thèse de 3° cycle, Psychologie, Université Paris VIII, 1980).


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