La P.S.E. " découverte" a Vitry sur Seine en 1952, dans le cadre d'un Foyer déjeunes en difficultés le CFDJ, a bénéficié depuis d'interminables rectifications et semble avoir gagné en subtilité d'au moins 0,002% par année de pratique.
Deux brochures illustrées avaient été rédigées, tirées et retirées, dans les années 70 d'abord puis en 80, à l'intention exclusivement des jeunes pensionnaires. Ces impressions furent réalisées d'abord sur papier photo, puis par l'offset préhistorique de l'imprimerie du Centre Familiales De Jeunes.
Une première tentative de théorisation de notre regrettée psychologue Claude Martin, publiée dans le bulletin de psychologie du groupe d'études de l'Université de Paris semble depuis longtemps avoir disparu dans les oubliettes. Nous en citerons quelques extraits en guise de conclusion. Cette pédagogie quelque peu "humoristique", exceptionnellement au seuil du cynique, voulait tenter de faire face à l'incontestable nécessité de fournir aux enfants et aux adolescents des formules, des recommandations fréquemment contradictoires, pour enseigner l'art de réfléchir, d'approfondir et de choisir. Elle souhaitait également de contribuer à fournir une sorte d'antidote contre les avalanches de la publicité commerciale qui envahissait, avec plus ou moins d'intelligence, la pensée des grands et des moins grands de l'homme... Nos dessins, réalisés par des amateurs de tout âge ou encore les slogans, ne se prennent guère au sérieux et s'efforcent de s'écarter de la "morale" habituelle, mieux, de la désarmer par des exagérations parfois absurdes.
Les anciens pensionnaires du CFDJ, s'en souviennent encore de nos jours 30-40 ans après leur départ... Ils n'hésitent pas à s'en servir dans le contexte quotidien à la stupéfaction de leur entourage peu habitué à ces phrases mordantes, parfois à l’emporte-pièce.
J. Finder
Les Centres Familiaux De Jeunes de Vitry (1950-1983) et du Plessis (84-92), Foyers pour adolescents en difficultés, avaient reçu des milliers d'amis de presque tous les pays du monde. Ces visiteurs appréciaient ce qu'on appelait parfois la "philosophie du Foyer" et aimaient la connaître de plus près...
Il n'était pas aisé de satisfaire leur demande. Nous étions avant tout des praticiens. Nous peinions toujours à mieux cerner, définir, théoriser notre action auprès des adolescents qui nous étaient confiés; et ceci d'autant pour mieux la réajuster à la réalité toujours mouvante et pour encore mieux transmettre nos principes à nos amis. D'ailleurs nos idées changent, même si la base de notre morale pédagogique est restée peu ou prou intacte depuis une quarantaine d'années. Les aphorismes qui suivent et que nous appelions "pensées de la semaine" permettront peut-être de comprendre cette morale, mieux qu'un article théorique savant, bien charpenté. Parfois un tableau impressionniste est plus riche qu'une photographie.
D'où viennent ces petites phrases ? C'était Joe Finder, qui en écoutant les jeunes, se creusait la cervelle pour en proposer quelques-uns unes à l'équipe éducative de la maison : une fois sur dix il glane ce qu'il a entendu ou lu quelque part; le plus souvent sa tête et son coeur fonctionnent spontanément. La phrase retenue en réunion de synthèse était affichée au bas du programme de la semaine qui tentait de prévoir la vie imprévisible du Foyer... Tantôt elle apportait un brin de lumière dans quelque esprit confus, tantôt elle tombait à plat…
Chacune de ces pensées devait permettre aux adolescents de se poser et de nous poser des questions. Chacune devait, dans notre esprit, pouvoir servir d'amorce à un dialogue. Nous espérions aussi, qu'elle " interpelle" selon le terme à la mode; les moins jeunes. Que devenait-elle une fois affichée, lue et jetée en pâture aux habitants du Foyer et aux visiteurs ? Nul ne pouvait le prévoir.
Plus de 3000 de telles pensées ont vu le jour au CFDJ de Vitry et celui du Plessis Trévise. Nous avons pu en retrouver près de la moitié. Parmi elles, nous avons choisi celles qui suivent pour compléter cette édition de la brochure sur la P.S.E Le choix a-t-il été pertinent ? Les pensées ont-elles vieilli ? Au lecteur d'en juger :
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- Que peut-on faire en faveur de celui qui refuse tout ?
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- Il n'est guère de vraie force sans sourire.
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- C'est en acceptant de perdre qu'on parvient à sauver.
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- Qui rit jamais, aime rarement.
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- Reconnaître ses torts sans tricher, c'est prouver l'authenticité de sa force.
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- Le comble de l'angoisse : avoir peur de la peur des autres.
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- Pas de rayonnement réchauffant sans acte presque gratuit
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- Derrière les nuages, il y a toujours un ciel bleu.
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- Il faut être vachement fort pour se permettre de se montrer authentiquement modeste.
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- force de s'épuiser à cacher ses défauts, il ne reste plus de force pour mettre en valeur ses qualités.
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- Quand on a appris à aimer avec générosité, on a presque tout appris.
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- Qui souffre blesse, mais l'Amitié rend beau.
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- Répéter "je ne sais rien faire" c'est une forme particulièrement élégante de la paresse.
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- Cinq minutes de grand courage, procurent fréquemment des années de joie de vivre.
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- L'indifférence est souvent une forme hypocrite de l'hostilité.
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- Pour savoir se montrer authentiquement stupide avec régularité, il faut tout de même disposer d'une solide intelligence.
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S. Tomkiewicz
Une première visite au Centre Familial de Jeunes de Vitry s/Seine était souvent déroutante, avant même d'y avoir rencontré adolescents ou éducateurs de la Maison : des photos, des affiches géantes, des fresques couvraient en abondance murs et cloisons et débordaient largement le traditionnel panneau d'affichage ou d'information que l'on trouve dans la plupart des collectivités.
Le visiteur non initié aux problèmes éducatifs y voyait un embellissement excessif et peut-être trop coûteux pour un établissement d'une vingtaine de pensionnaires. Le travailleur social de passage, était fréquemment irrité par les légendes qui accompagnent ces dessins ou reproductions : certaines lui paraissaient agressives ou même prétentieuses. Ceux-là partageaient rarement leurs opinions directement avec nous. L'adolescent lui, est attiré par ce foisonnement d'images et de couleurs à son intention et dont les titres lui semblaient humoristiques et incisifs.
Cette publicité contribuait, non seulement à créer le climat très particulier du Foyer, mais répondait aussi par son caractère "socio-éducatif", à des besoins plus profonds des jeunes.
Comme la publicité commerciale, elle cherche à attirer et frapper l'attention. Mais c'est là leur seul caractère commun: il ne s'agit pas de consommer davantage mais différemment.
Destinée à des adolescents exceptionnels, souvent réalisée par eux, il lui faut être exceptionnel. Elle ne se contente pas de décorer ou d'informer efficacement, elle enrichit et elle éduque. Son humour mordant reste chaleureux, puisqu'il dédramatise et rassure. Et cela était essentiel dans une maison où vivaient 25 adolescents, dont les frustrations profondes étaient autant de drames à résoudre.
Tant d'années après leur départ du CFDJ, les Anciens se souviennent avec émotion de cette Publicité particulière, utilisée dans leur Maison. Cela ne lui conférait pas une vertu thérapeutique privilégiée par rapport aux autres ressources éducatives, parmi lesquelles elle ne tient qu'une place modeste. Elle ne cherchait surtout pas à se substituer au dialogue direct entre adulte et jeune.
Volontairement différent d'une publication scientifique traditionnelle, ce document tente de s'en écarter. Son originalité réside justement dans la présentation qui retrace, par l'image et le texte, l'évolution de cette publicité socio-éducative. Celle-ci ne nécessitait que peu de moyens matériels mais une avalanche d'imagination et de subtilité.
S'il reflète la recherche inlassable d'une équipe pour une meilleure compréhension des besoins de l'adolescent exceptionnel et difficile, ce document ne cherche pas à lui présenter une perspective inutilement optimiste de la réalité sociale dont il avait été rejeté.
Education en RE Majeur
Je les RE-éduque
Tu les RE-socialises
IL les RE-adapte
Nous les RE-insérons
Vous les RE-structurez
Dr Bernard ZEILLER, chargé de recherche à l’U69 INSERM
ARTICLES / PRESSE
- Savoir parler au juge (Joe Finder / Journal du Droit des Jeunes)
- Stanislaw Tomkiewicz, 10 ans après (Tanislaw Tomkiewicz / Journal du Droit des Jeunes N°324 - avril 2013)
- Enfance Majuscule, "La publicité socio-éducative" (N° 74 - Janvier/Février 2014)
- Il faut tous les enfermer ! (G. Ranga)
- Le cas du délinquant (par J.Chazal et J. Finder)
- L'ordonnance de 45 (par A. Bruel)
- Punition et soins, confusion nécessaire ? (S.Tomkiewicz)
- Comment faire de votre enfant un délinquant ? (J. Finder, S. Tomkiewicz)
- Qui souffre blesse (J. Finder)
- Adolescence difficile et pédagogie curative (S. Tomkiewicz)